Comment pourrait-on désirer de ne plus désirer ?

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Pour les magazines, les époux devraient fusionner dans une harmonie psychologique et surtout sexuelle parfaite. Ils s’uniraient sans heurts et sans secousses ! Mais la vie de couple n’est pas faite pour endormir, mais pour réveiller. Elle sert à tirer du cœur tout l’amour dont nous sommes capables.

L’union de deux personnes est nécessairement conflictuelle. On connaît de ces couples où tous deux semblent avoir les mêmes goûts, les mêmes opinions, les mêmes amis, les mêmes distractions. Mais inévitablement, sournoisement, se manifeste la rancune, la peur, le désespoir de deux êtres forcés à mourir lentement ensemble. L’état normal d’une société humaine est le conflit : des personnes s’affirment, s’opposent et surmontent leurs différends par négociations et concessions. Car le conflit n’est pas la guerre, il est même l’opposé. On fait la guerre parce qu’on ne supporte pas le conflit, parce qu’on veut le faire disparaître, une fois pour toutes, en anéantissant l’adversaire.

Les époux sont placés devant un choix décisif : choisir l’ennui ou les ennuis.

Si vous abhorrez les conflits, si vous voulez un conjoint soumis, docile, effacé, vous connaîtrez rapidement l’ennui d’une vie où rien ne se passe, où l’on a rien à se dire, où l’on attend que cela finisse. Mais si vous acceptez les conflits, les discussions, les heurts et les ajustements, vous serez l’un pour l’autre l’aiguillon qui réveille et stimule.

On ne s’entend jamais assez bien qu’après une bonne explication. Les réconciliations sont souvent meilleures que les ententes. Tant qu’il y a frottement, c’est qu’il y a encore contact ! Le sel de la parole, les chocs des oppositions, les efforts d’adaptation, voilà qui vous gardera vraiment jeunes !

Eve est née du côté d’Adam, de cette blessure à son flanc jamais cicatrisé, qui l’ouvre à toute l’inquiétude, à toute la souffrance du monde. Que serait l’homme sans cet appel, sans cette interpellation déchirante, cette provocation à veiller, à penser, à aimer, à créer ? Et que serait la femme si son désir ne la poussait pas vers l’homme pour inventer avec lui cette entente toujours compromise et toujours recommencée, cette communication indispensable à tout deux, mais dont elle assume généralement le soin et le poids ?

En vous engageant dans le mariage, ne cherchez pas une compagnie d’assurance qui vous garantisse que votre femme sera toujours docile, admirative, d’humeur égale et de santé parfaite, ni que votre mari restera attentif, prévenant, brillant causeur et cavalier galant !

La seule assurance valable sera votre résolution : je l’aimerai si bien, je souffrirai si patiemment, je lui pardonnerai si souvent, j’espérerai tellement en lui qu’il finira par m’aimer comme j’ai appris à l’aimer. En vous épousant, vous ne serez plus jamais tranquilles, mais vous resterez VIVANTS !

 Source : autre presse

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