Mali: Comment en sommes-nous arrivés là ?

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Chaque nation essaye de “modeler un citoyen” conformément à sa vision.  Cela se fait par le biais de l’éducation, de l’instruction, de l’immersion dans la culture, etc. Mais ça répond toujours à un plan bien défini et prédéfini, à une vision. Quelle est la vision qui nous a menés là ?  Ou alors est-ce le fait d’une absence de vision ?  Ou la confusion entre la vision individuelle et celle collective ? Comment en sommes-nous arrivés à ce “type de malien”, ce menteur, blablateur, agité, méchant, pédant, qui n’arrive même pas à soutenir le regard de ceux dont il est la pute, ni de ceux qui sont ses putes ?

Regard, vide, sans courage, s’animant exclusivement pour l’intolérance et la méchanceté qui en découle, caractérise trop souvent, ce malien inspiré et nourri par des séries telles que Dynastie, Dallas, et tant d’autres soap opera, reflétant des réalités qui ne sont pas nôtres, et auxquelles le bon sens devrait nous interdire d’aspirer tant elles sont inhumaines, même si elles donnent l’illusion de briller. Tout ça, après avoir été un peuple reconnu pour sa droiture, son sens de la dignité, du devoir, son humanisme. Soyons lucides, clairvoyants et constructifs. Que l’on soit d’en haut ou d’en bas, de gauche, de droite, ou du centre, ce qui semble primer, c’est “jouer un rôle” et non être soi…  À en arriver à des confusions terribles et fatales entre le rôle et soi.
Le mal-être, le taux de dépressions nerveuses, les meurtres et suicides, les sacrifices bizarres, les insomnies en sont autant de symptômes. D’où viennent les rôles ? Qui les distribue ? Qu’est-ce qui nous fait peur d’être nous ? Savons-nous ce que représente le « nous » ? Comment y remédier ?

Aussi, quel que soit le mode de vie adopté, les influences et les traditions, d’ici ou d’ailleurs, acceptées, intégrées, il me semble que tous ont en commun une forme d’intolérance, qui est méchanceté gratuite ou non, assumée ou non.  Chacun se cachant derrière sa “position” pour justifier sa méchante intolérance, parfois sans en avoir l’air. Et trop souvent, dans l’intimité, ou une autre proximité, on chuchote, ou fanfaronne, après avoir planté un couteau dans le dos “je défends mes intérêts”.

Préserver la famille, l’amitié, la fraternité, la nation, la cohésion, ne sont-ils pas des intérêts primordiaux, ou bien intérêt égale argent, biens, tout le matériel que l’on peut cumuler au détriment du bon sens ? La sagesse humaine fait pourtant dire que “mieux vaut avoir 100 amis que 100 roubles ?

C’est toujours la faute de l’autre…  Quand nous défendons un point de vue, nous n’oublions jamais “d’enfoncer” l’autre, parfois certains en oublient la cause qu’ils défendent, pour exclusivement “s’acharner sur l’autre”. Ce faisant, nous prenons une posture qui de fait, ramène l’autre sous nos pieds. Nous l’y voyons, mais nous essuyons sur lui la merde de nos semelles, nous l’écrasons comme un vulgaire insecte. Sans voir que nous perdons de ce fait notre humanisme, l’expression du divin en nous.

Plus nous nous divisons, plus nous rejetons sur l’autre, qui n’est plus, ni un frère ni un ami, ni même un être humain, la responsabilité de la confiance disparue.
C’est exténuant, d’assister à des tiraillements, motivés par tout sauf par le bon sens, et l’envie de bien faire, il me semble.

Nous sommes le pays du “djénikagnimi”, on cherche à gratter et à se “dorer” sans discernement, à se gaver sans mesure, et cela est fait de manière frénétique, permanente.

Les appels à l’union, à l’unité, sont quasiment toujours dans le vide, à cause de la méfiance qui est le principal sentiment entre nous. Nous avons toujours peur de nous faire arnaquer ou poignarder par l’autre…Nous donnons tout le temps l’impression d’être à l’affût “d’une bonne affaire”, “d’un bon coup”, sachant que sacrifier l’amitié, la fraternité, l’amour pour ça, nous importe peu.

C’est beau de débattre, d’organiser des marches, des conférences, des sit-in, des journées de sensibilisation, que sais-je ?  Mais mon opinion est que tout cela ne rime à rien, car nous restons dans le rôle qui a été déterminé pour nous, dans lequel nous nous complaisons et qui nous interdit désormais le libre arbitre, le bon sens nécessaire à notre émancipation effective… Sans liberté, et de grâce ce mot, pour moi enferme la divine noblesse de la vie, eh bien sans elle, nous sommes abonnés à la damnation éternelle, celle qui nous empêche de nous voir tels que nous sommes, afin d’aspirer à de meilleures versions de ce que nous sommes, en vue de nous préserver et de construire.

Que la semaine, et son train-train, qui inclut de plus en plus de drames et tragédies, soient supportables, autant que possible, étant données les circonstances. Que nos yeux voient enfin de manière crue, le ridicule, qui accompagne nos vies, de Kayes à Kidal, en passant par Bamako, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao, Menaka, Bafoulabé, Fana. Que nos cœurs s’arment de courage, recouvrent avec l’humanisme, afin que nous nous en sortions, dans la dignité et l’honneur.

Amine !

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