Alors que beaucoup couraient pour se rapprocher des nouveaux maîtres,
j’étais là, micro en main, au service de l’information.
Le cœur meurtri,
Car à ce moment précis, le feu embrasait plusieurs régions du pays :
Kidal, Gao, Tombouctou…
Et avec eux, nos parents, papa, maman, frères et sœurs livrés à la terreur de bandits sans foi ni loi.
Ce soir-là, en donnant les nouvelles du pays,
je ne pensais ni à ma coiffure, ni à mon maquillage.
Rien de tout cela n’importait.
Ce qui comptait, c’était l’engagement.
Comme un médecin qui honore son serment d’Hippocrate.
Mais ma hiérarchie n’a pas vu les choses sous l’angle professionnel.
Certains ont même insinué que j’étais proche des hommes de Kati,
des hommes que je n’avais jamais côtoyés, ni avant, ni après cette nuit.
Pendant que certains cherchaient à se faire bien voir,
écrasaient leur dignité pour une reconnaissance facile,
moi, je servais mon métier.
Fièrement. Silencieusement.
Et j’ai dit intérieurement à tous ceux qui doutaient :
“Souffrez que je sois là. Souffrez que je tienne debout.”
Aujourd’hui encore, je porte haut l’honneur de ce métier.
Être journaliste, c’est choisir l’intégrité, même quand cela coûte cher.
À propos de l’auteure
Aïssata Ibrahim Maïga est journaliste, communicante et professionnelle de la diplomatie multilatérale. Fondatrice de Maliennemoi.org, elle défend un journalisme éthique et engagé, au service des peuples et des causes internationales.